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Mercredi 2 juin 2004 | link |

Les cahiers au feu, les profs au milieu

Pas très prolifique en ce moment... Rien d'intéressant à dire, pas le temps surtout.

Pourtant la fin de l'année scolaire se profile. J'ai donné hier mon dernier cours de terminale BEP à deux rescapés. Eh oui, c'est comme ça : à 8 jours des examens, les élèves désertent les cours. Les révisions, c'est bien connu, ça ne sert à rien. On est bien plus efficace chez soi ! Ben voyons.
Je n'arriverai jamais à comprendre les parents qui permettent que leurs enfants sèchent comme ça [soupir d'impuissance]...

C'est donc l'heure des bilans et de l'inquiétude en l'avenir.

Inquiétude pour ces élèves que l'on a suivi, tenté d'éduquer, assistés pendant deux années. Harcelés aussi. Du moins, c'est comme cela que certains l'ont vécu.

Mais qu'est-ce que ça peut vous faire qu'on ait notre examen ou pas ? C'est notre problème : si on ne veut pas venir en cours, ça nous regarde ! Ca ne vous empêchera pas d'être payée à la fin du mois, alors foutez-nous la paix.

Les bras m'en sont tombés. Quelle bande d'extra-terrestres sommes-nous donc pour nous inquiéter de leur réussite à l'examen, de leur avenir ? C'est vrai quoi : depuis quand des adultes se préoccuperaient-ils des jeunes qu'ils ont en charge ?

Vous êtes fonctionnaires, vous êtes là pour fonctionner, nous a dit un jour un inspecteur.
C'était au cours d'une fumeuse réunion sur le système de recrutement PAM.
Une belle invention ce logiciel : exit les longs samedi où des dizaines de profs, principaux de collèges, proviseurs, membres de l'IA et des CIO se réunissaient pour se pencher sur des tas de dossiers en vue du recrutement dans les sections de LP.
Le progrès est en marche : plus rapide, plus fiable et surtout bien moins onéreux, le logiciel PAM fait tout à notre place. Les élèves sont recrutés en fonction des notes, du type de 3ème dont ils sont issus, de leur âge, du nombre d'années de retard, de leur sexe aussi.

Ainsi, une fille sortant de 3ème technologique et ayant deux ans de retard sera prioritaire sur un garçon n'ayant jamais redoublé et sortant de 3ème générale.

La motivation de l'élève ? Pas prise en compte. Son comportement en classe ? Son taux d'absentéisme ? Pas pris en compte.

Si ce système, mis en place il y a trois ans dans notre académie, semble être plutôt bénéfique dans les sections peu demandées, il est en revanche une vraie catastrophe dans les voies où le taux d'attraction est fort.

Ainsi, en BEP Maintenance des Véhicules Automobiles ou Carrières Sanitaires et Sociales, où il y a environ 5 demandes pour 1 place, nous voyons depuis trois ans une dégradation majeure du niveau et surtout un taux d'échec énorme entre la première et la deuxième année de formation. Pas de redoublements ici, les élèves s'en vont, tout simplement.
Et oui, c'est comme ça qu'on règle les problèmes de jeunes sortant du système scolaire sans diplôme...

Mais si les "moins bons" vont en seconde professionnelle, où vont les "meilleurs" qui n'ont pas été retenus ?
En seconde générale bien sûr, où ils se retrouvent rapidement en échec. Et penser rebifurquer sur une seconde professionnelle l'année suivante est complètement utopique. Les secondes passent après les 3ème générales, vous pensez bien que s'ils n'ont pas été pris la première fois, ils le seront encore moins la seconde...

Nous vivons une époque moderne, le futur ne manque pas d'avenir.

Commentaires

J'aurais voulu ajouter mon témoignage : je suis en première S car je veux devenir ingénieur mais dans ma classe de 33 élèves dans un lycée réputé nous somme pas plus d'une dizaine (et encore) à avoir une idée assez précise pour notre orientation professionnelle. Résultat, une dizaine de redoublement proposés au conseil de classe du dernier trimestre.
Il est peut être vrai que la section S ouvre bon nombre de portes, mais il ne faut pas la voir comme une section à réussite garantie.

Etienne - 02/06/04 - 12:03

Merci pour cette belle analyse limpide des "bienfaits" de cette numérologie moderne. Ce système ne laisse pas de me sidérer. Et encore, il semblerait que chez nous la prime bonus offerte aux secondes ait été augmentée. Une variable d'ajustement très certainement... Amitiés. Joël.

aqb - 02/06/04 - 16:56

C'est juste pour signaler une faute de frappe ^_^ (je corrige un prof, suis heureux, mdr)
Plus sérieusement, dans le lien Wiki-pompeurs-CSS dans la partie "Grain de Sel", pour la définition de CSS, vous avez mis Cascadin*d*.
Voilà pas de quoi fouetter un chat, mais comme votre site est visité par des débutants, on sait jamais ^_^.

Pour reprendre le sujet de votre dernier billet, je peux vous conseiller de lire ce blog : http://u-blog.net/lisa30ans
Une enseignante en classe-relais, c'est "piquant".

Bonne continuation.
Marc

Marc - 09/06/04 - 09:06

Faute de frappe corrigée ! ;-)

Merci de m'avoir fait connaitre le blog de Lisa. Heureusement, nos élèves ne sont pas (encore) à ce point là. Mais il ne faut pas perdre espoir...

Ils ont bien du mérite ces collègues. Quelle patience il faut avoir !!

Pascale - 09/06/04 - 10:40

Quel fantastique système! Le rêve des années 60/70 réalisé: l'ordinateur sait tout, l'ordinateur peut tout! Ca change du "c'est la faute à l'ordinateur" (quoique).

Tout le monde est revenu de cette utopie depuis bien longtemps, mais apparemment l'Education Nationale avait un grenier de vieilles idées bien rempli :-D

Pour revenir au début de l'article, je me serais plutôt inquiété pour les 2 élèves restants en cours mais c'est tout personnel ;-)

Felipe - 09/06/04 - 14:37

Bienvenue à Mammouthland cher Felipe ! :-D

Pascale - 09/06/04 - 22:19

Vision intéressante sur ces problèmes essentiels que constitue l'orientation dans notre système scolaire. Par contre, parler d'éduquer les enfants me pose toujours problème. Ce n'est pas la fonction de l'école. Je sais bien que par la force des choses on doit parfois le faire, mais cette confusion entre enseignement et éducation est à la base de bien des problèmes.

Anastomoses - 24/06/04 - 10:16

Ce n'est pas dans ce sens que j'employais ce terme. Les élèves ne sont pas mes enfants (merci, j'ai ce qu'il faut à la maison), et je ne tiens pas particulièrement à remplacer leurs parents (eux non plus d'ailleurs, il s'imaginent que je passe mon temps à faire des maths avec mes enfants !! :-D)

Cela dit, nous sommes bien dans l'éducation nationale... ;-)

Pascale - 24/06/04 - 18:23

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